Quentin Bourgeois - Saison 2022

Dans la peau d’un pilote usine : IPONE Continental GT cup 2022

Il faut quand même que je vous raconte l’histoire depuis le début. Il est à peu près 22 heures le 24 décembre dernier, l’apéritif émerveille nos papilles et nous remémore les chronos 2021, une année d’après crise rallyement réussi. Je traine rapidement sur les réseaux et tombe par hasard sur une publication de la page Royal Enfield. Pour 2022, l’importateur France s’associe avec des partenaires pour promouvoir la marque Indienne à travers une compétition nationale, L’IPONE Continental GT cup ! Royal Enfield avait déjà inauguré cette formule en 2021 en Inde, et je ne vous cache pas que ça m’avait fait de l’œil…
Je griffonne rapidement le coût que l’aventure pourrais me couter. C’est chaud mais ça peut le faire, alors je regarde mes parents et souris. Leurs regards en disaient long : « Ça y est ça recommence… ».
L’inscription doit se faire auprès d’un revendeur. C’est un signe, puisque celui le plus proche c’est Franck de FC MOTOS RACE à saint Doulchard (18), un ami de longue date !

11Dès la rentrée, je m’empresse de contacter Franck pour lui faire part de mon fort intérêt à cette compétition. Mais il me faut une moto ! Franck me fait une offre pour une moto neuve. Je prends une semaine pour réfléchir et faire les fonds de tiroirs.
Mais le coût d’achat de la moto cumulés aux frais de déplacement ne me permettra pas de participer à l’intégralité du championnat et ce serait dommage. Finalement Franck me fera une dernière proposition : « Bon, moi aussi j’ai envie de faire la cup, alors il reste une solution, j’ai une moto neuve dispo en magasin, si tu le souhaite je te la prête pour la saison ! ».
Franchement, vous auriez fait quoi à ma place ?

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Quelque semaine plus tard, elle est enfin prête. Waouh, beurrez-moi les fesses et appelez-moi biscuits ! Franck et son équipe ont vraiment fait du bon boulot pour me mettre à disposition cette superbe machine tout juste une semaine avant la première course. C’est parti, on charge l’engin et direction le circuit du Bourbonnais pour faire les premiers essais avec mon club de cœur.

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Le châssis est rassurant (plus que mon vieux CB), mais je perds l’idée de me tordre la nuque avec les 50 poneys du bicylindre.
Cette fois-ci c’est certain, le pilotage sera le centre de la stratégie de course.

Dépucelage en vitesse : première manche - Ales 1 er et 2 avril 2022

Jeudi matin, on saute dans le camion et fuyons le froid du Berry pour le sud ! Bordel, là-bas aussi il fait assez froid pour congeler le mamelon d’une grenouille. Il faut se rendre à l’évidence, ce n’est pas ce weekend que nous allons user le short…

Nous profiterons d’une météo plus clémente le samedi pour enchainer un maximum de tours, et comprendre ce tracé jusqu’ici méconnu pour moi. C’est tout content que je partirais de la 8 ème position pour les deux courses du weekend.
P8 le samedi et P7 le dimanche ! Même si les départs ressemblent à des lâchés de tortues, quel plaisir de se battre durant ces 14 tours. Malheureusement, je vois bien que certains concurrents devant moi pèse 15kg de moins sur la balance… Une nouvelle fois, les soirées raclette de cet hiver n’ont pas joué en ma faveur…

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Pour ne rien vous cacher je me fends la poire sur cette brêle, parfaite sous tous les angles pour un couillon comme moi. Nul objectif pour ce championnat, si ce n’est de se faire plaisir et de vivre une nouvelle fois une aventure humaine et pétillante avec Franck et les copains. La coupe ne fait que commencer mais je suis certain d’avoir trouvé ici l’ambiance de partage et de passion que je cherchais.


Un immense merci pour votre aide à tous : Franck, Momo, Nestor, William, Laurent et Nadia, Johnny et Lulu, Goudzy, Kevin !
Gazzz et rendez-vous le 12 et 13 Juin prochain au circuit Carole pour la deuxième manche !

Pilote et galérien malgré lui

Je ne pouvais terminer ces quelques lignes sans vous parler d’un moment particulier de ce weekend. Jérome notre voisin de paddock, arrive-lui aussi le jeudi soir de Normandie pour participer aux courses Supersport VMA, après dix heures de route au bord de son bolide de 75cv chargé comme une mule. Rapidement nous faisons connaissance et ne tardons à s’entraider pour décharger sa superbe 748.


Dès le début du weekend Jérome enchaine les galères. Chaine fissurée, problème au CT, cloche d’embrayage desserrée, fuite, couverture chauffante HS, papillons de gaz bloqués… Bref, la malédiction s’abat sur sa belle italienne. « C’est ma première course et tous ces problèmes… désolé je craque ».
Impossible de le laisser en galère, c’est avec l’aide d’autres voisins de paddock que nous viendrons lui prêter main forte pour le sortir de ce bousier.
Heureusement la poisse l’esquivera en séances qualificatives. A son retour, son sourire rayonne au fond du casque. Il peut, puisqu’il réussit à arracher la pole avec sa moto de route fraichement équipée de poly, magique ! Mais la première course ne se passera pas comme prévue et il devra abandonner pour un problème de sélecteur alors qu’il est en tête… La déception est forte pour Jérome, mais il reste une ultime chance pour la deuxième course du dimanche.
Il est whisky moins le quart le samedi soir, la nuit tombe sur le paddock et l’apéritif aussi. Il est l’heure de refaire le monde, raconter nos histoires, et viens le tour de Jérome. Flashback 23 ans en arrière. Jérome, fan de Garry McCoy et de Valentino Rossi fait ses premiers tours sur circuit. Plus fan de glisse comme ses idoles que de chronos purs, son pilotage se fera rapidement remarquer par le team Yohan MotoSport puis par ERT. Malheureusement, un grave accident mettra fin à son grand avenir de pilote.
« Durant 17 ans, je n’ai pas passé une journée sans rêver de revenir à moto, et de gagner une course. J’ai une revanche à prendre sur mon passé, je ne voulais pas être prétentieux en arrivant ici, mais si je suis là c’est pour gagner, rien d’autre ».
Le silence et les frissons règnent autour de la table. La dernière course du dimanche aura une tout autre dimension à nos yeux.
Jérome partait une nouvelle fois en tête et nous étions en prégrille ou au bord de piste les yeux rivés sur lui, sur SA course. Qu’importe le résultat, mais ce mec nous aura tout simplement fait rêver tout au long de ce weekend riche en émotion, de par son histoire, ses galères, son immense détermination et de ce dernier tour … jusqu’à la victoire…

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Putin il l’a fait ! Certes me diriez-vous qu’il s’agit d’une histoire parmi tant d’autres, ou que ce type à tout simplement du talent.
C’est peut-être vrai. Mais son histoire reflète une belle leçon de vie où détermination et envie regénère les rêves perdus. Et rien que ça, je pense que cela méritait ces quelques lignes.

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